Espace de très faible densité, in-influence des pôles, la Communauté de communes Alpes Provence Verdon est un cas d’école pour l’aménagement des territoires ruraux. Si l’espace autant que les dynamiques qui l’habitent lui confère un statut de marge hyper-rurale, les politiques de l’intercommunalité sont loin d’enfermer le territoire dans une position marginale. Par la mise en place d’un Projet Alimentaire Territorial, la CCAPV s’inscrit dans un mouvement généralisé qui, sous l’impulsion du gouvernement, plaide en faveur d’une reterritorialisation des systèmes alimentaires. De ce fait, la démarche interroge les modes d’organisation locaux de l’alimentation dont la compréhension se fait préalable au déploiement de l’action publique. C’est dans cet objectif que s’inscrit le diagnostic des pratiques d’approvisionnement alimentaire de la population, clef de voûte de ce mémoire.

Proposant de décomposer les processus d’approvisionnement alimentaire, cette réflexion donne à voir la prégnance de certains déterminants sur l’alimentation des habitant·e·s de la CCAPV. Au premier rang desquels nous plaçons le facteur territoire. Bien qu’animée par les mêmes désirs de consommation qu’à l’échelle nationale, la demande locale est confrontée à une structure de l’offre singulière, qui elle emprunte aux caractéristiques hyper-rurales du territoire. Les pratiques effectives des citoyen·ne·s s’en trouvent ainsi changées : entre temps d’achat différents, frustrations face à l’offre locale et stratégies de contournement, l’hyper-ruralité du territoire influence l’approvisionnement alimentaire. Ce phénomène nous le pensons être révélateur de modes d’habiter différents au sein de cet espace, qui par sa très faible densité et son enclavement, se veut éminemment singulier.

Cette singularité s’impose à la réflexion commune devant être aux fondements de la stratégie alimentaire territoriale. Stratégie commune en ce qu’elle cherche à proposer une politique d’avenir par et pour les parties prenantes locales de l’alimentation. De cette ambition, ajoutée aux prérogatives de l’actuel Projet Alimentaire Territorial, découle la construction d’un organe de gouvernance dont nous espérons que la pertinence sera à la hauteur des missions qui lui sont dévolues.